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L’Institut supérieur des sciences des populations a tenu ce mercredi 24 Mai 2023 à Ouagadougou, un atelier de partage des résultats de la recherche sur les facteurs explicatifs de la stagnation de la fécondité dans la ville de Ouagadougou.

Éclairer les lanternes des journalistes et par ricochet le public cible sur la stagnation de la fécondité de la ville de Ouagadougou, voici ce à quoi a consisté l’atelier de partage.

 

Le directeur de l’Institut supérieur des sciences de la santé et de la population (l’ISSP), le Professeur Abdramane Soura, avant de planter le décor, a remercié les journalistes et l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population (IUSSP) qui ont bien voulu mener l’étude sur la stagnation de la fécondité à Ouagadougou.

Selon le Dr Bougma Moussa, maître de conférence en démographie à l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) à l’Université Joseph Ki-Zerbo, sur les facteurs explicatifs de la stagnation de la fécondité dans la ville de Ouagadougou, il y a le ralentissement et la baisse de la fécondité. Cela a été constaté depuis 2003.

Il en ressort qu’il y a quatre types de facteurs qui sont la contribution des femmes migrantes à la périphérie des villes dépourvues de service de santé ou de planning familial, la mixité des enfants, la considération des enfants comme un capital de vieillesse par les parents,  la faible implication des collectivités territoriales, car une réorientation doit être envisagée dans leurs activités au niveau des périphéries afin de mieux contrôler leur insertion soit en ville, soit à la périphérique, pour qu’elles soient dans des conditions propices à contrôler leur fécondité.

Pour le Dr Bougma, la stagnation n’est ni une menace ni un atout. C’est de poser la question de savoir si cette dynamique de la fécondité arrive à être contrôlées. Est-ce qu’on arrive à faire une bonne planification de la ville ? Actuellement, le constat est que toute la moitié de la population vit dans les périphéries dépourvues de tout service socioéconomique.

Nous pouvons peut-être penser à trois enfants par femme à Ouagadougou. C’est peu, mais ce nombre global peut manquer de disparité, car celles qui sont dans les périphéries font déjà les 4 à 5 enfants par femme et cela peut causer un problème, si on n’arrive pas à assurer une bonne éducation à tous ces enfants qui vont naître et même à ces femmes.

La faisabilité de la régulation doit être assurée afin de garantir une bonne planification et éviter des éventuels problèmes fonciers, etc. Eu égard à tout cela, nous pouvons dire qu’il y a plus de menaces que d’opportunités, mais pourvu qu’on puisse exploiter les résultats dans une anticipation d’opportunité. C’est une étude qui a mobilisé beaucoup de données depuis 2020 et a pris fin en 2022.

Les données ont été recueillies dans cinq quartiers de la ville de Ouagadougou, notamment dans sa partie Nord via un observatoire qui existe depuis 2008 qui suit les personnes qui y habitent. Cela nous donne plus d’informations et nous permet de mieux éclairer notre problématique. D’autres données ont été collectées dans la même plateforme, afin de mieux étayer nos hypothèses, soutient le Dr Bougma Moussa.

Il y a eu des recommandations qui ont été faites au niveau de quatre notes de politique dont une recommandation urgente adressée aux autorités sur l’intégration socioéconomique des femmes migrantes. Même les hommes aussi doivent être pris en compte sur le plan socioéconomique afin de revoir la distribution des vivres. Il faut une prise de conscience sur l’assurance vieillesse à travers des campagnes de sensibilisation et de conscientisation à tous les niveaux. Les couples doivent impérativement avoir un projet de fécondité avant le mariage. La fécondité doit être liée à la planification urbaine.

Le public-cible de cette étude a été constitué des femmes en âge de procréer de 15 à 49 ans. L’effectif inclus dans les analyses est de 40 057 individus dont 17 810, soit 44,5% d’immigrantes du milieu rural. L’étude menée montre que près de quatre (4) femmes sur cinq (5) soit 79,1% comptent sur leurs enfants à la vieillesse. Plus de trois femmes sur 5, soit 64,8% préfèrent la mixité et dont le désir d’enfants supplémentaires est moindre.

La moitié des femmes (52,3%) désire des enfants supplémentaires dont 52,0% d’entre elles a une préférence pour la mixité et les proportions de celles qui désirent uniquement des garçons ou des filles ou qui sont indifférentes au sexe n’excèdent guère 20%.

A la fin de la cérémonie, les quatre notes politiques issues de cette étude, à savoir l’intégration socioéconomique des femmes migrantes en milieu urbain : une alternative pour une maîtrise de la fécondité à Ouagadougou, changement de la perception des couples sur la recherche effrénée d’enfants de sexes différents pour une maîtrise de la fécondité, le changement de la perception des parents sur la gestion de leur vieillesse pour une maîtrise de la fécondité, enfin l’engagement des collectivités territoriales pour la prise en compte de la planification familiale ont été remises officiellement au coordonnateur de l’Association des journalistes et communicateurs en population et développement, Boureima Sanga.