Promouvoir les DSSR au Burkina Faso : Une Collaboration Clé entre Médias et Experts
Le Centre de Recherche sur la Population et la Santé en Afrique (APHRC) et l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), en partenariat avec l’Association des Journalistes Communicateurs en Population et Développement (AJC-PD), ont organisé un atelier de réflexion, ce vendredi, sur la visibilité des Droits et de la Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR) au Burkina Faso.
Le Burkina Faso fait face à des défis majeurs en matière de fécondité adolescente, avec un taux de 132 naissances pour 1 000 filles, l’un des plus élevés du continent, selon les chercheurs de l’APHRC et de l’ISSP. En 2017-2018, plus de 7 000 grossesses ont été enregistrées dans l’enseignement post-primaire et secondaire, dont plus de la moitié concernait des filles âgées de 15 à 18 ans. Ces statistiques révèlent des enjeux cruciaux pour la santé physique des adolescentes, leur stigmatisation sociale, la méconnaissance de leurs droits et la faible estime de soi. Ces obstacles compromettent gravement leurs chances d’avenir académique et socioprofessionnel.
Dr Ramatou Ouédraogo de l’APHRC a partagé des récits poignants pour illustrer les réalités vécues par ces jeunes filles : « Une femme enceinte traverse des moments difficiles : nausées, vomissements, fatigue extrême. Pour ne pas déranger ses camarades, l’établissement préfère parfois qu’elle suspende ses études et gère sa grossesse à la maison. » Ce témoignage met en lumière l’urgence d’une action collective pour promouvoir les DSSR et offrir un avenir meilleur aux jeunes filles.
L’atelier a également été l’occasion d’évoquer l’importance de l’estime de soi dans la gestion de ces situations. Un autre intervenant a souligné : « Il est essentiel qu’une adolescente puisse se dire : ‘J’ai fait une erreur, mais je vais me relever.’ Si la société comprend que l’erreur n’incombe pas uniquement à la fille, mais aussi à la collectivité, elle pourra affronter la situation avec fierté et optimisme, en affirmant : ‘C’est arrivé, mais je vais réussir.’ »
«L’objectif de cette rencontre était de discuter de l’inclusion sociale et de l’accès à la santé sexuelle et reproductive des adolescentes, une problématique souvent liée aux grossesses non désirées, avec des conséquences graves comme des avortements non sécurisés et des interruptions scolaires. En 2021, une étude menée avec l’Institut Supérieur des Sciences de la Population a révélé un manque de données sur l’impact de la grossesse sur les adolescentes. L’étude a montré qu’elles étaient souvent exclues socialement et déscolarisées, réduisant ainsi leurs chances d’emploi. Je lance un appel aux médias pour sensibiliser et soutenir l’insertion scolaire et sociale de ces jeunes filles» a confié Dr Ramatou Ouédraogo de l’APHRC.
Le rôle des médias a été largement discuté lors de l’atelier, notamment celui des journalistes scientifiques dans la sensibilisation et la communication autour des DSSR. Dr Ramatou Ouédraogo a insisté : « Il est essentiel de mettre en place des stratégies efficaces pour accroître la visibilité des initiatives en matière de DSSR à travers les médias. Ces adolescentes, souvent jugées et stigmatisées, sont confrontées à la déscolarisation et à la réduction de leurs opportunités socioprofessionnelles. Les médias jouent un rôle crucial dans l’amélioration de leur situation. »
Boureima Sanga, journaliste scientifique aux Éditions Sidwaya et coordonnateur de l’AJC-PD, a prodigué des conseils pratiques à ses confrères sur le choix et le traitement des sujets liés aux DSSR. Il a insisté sur l’importance de traiter ces sujets avec rigueur et sensibilité afin de sensibiliser efficacement l’opinion publique.
Cet atelier a montré que les journalistes scientifiques sont des partenaires stratégiques dans la promotion des droits et de la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso. Grâce à leurs efforts, les conditions de vie des adolescentes pourront s’améliorer, contribuant ainsi à un avenir plus prometteur pour toutes les jeunes filles du pays.
Ismaël Kiekieta et Sanfo Minata ✍🏼